Sans réfléchir, vous attrapez le bras d'une personne qui passe à côté de vous. C'est un homme d'une cinquantaine d'années qui, manifestement, ne cherche pas à discuter. Ça ne vous empêche pas de vous approcher de lui, et de tenter de murmurer (mais finalement, avec le bruit qui règne dans la salle, vous vous retrouvez à lui hurler dessus) :

"Une jeune asiatique qui apporte son aide à des gens en détresse, ça vous dit quelque-chose ?"

Le gars ne vous a pas écouté : il agite son bras pour que vous le lâchiez. Vous le retenez quelques secondes, juste pour l'amusement, avant de le laisser enfin partir. Il ne vous a même pas regardé, et s'en va la tête baissée. On dirait qu'à partir d'un certain âge, on essaie d'être incognito dans ce genre d'endroit.
Et quand vous regardez alentour, ça se comprend. Le ratio homme/femme de la clientèle est complètement à l'envers, et plus encore, son origine ethnique : y a-t-il des russes dans ce bar moscovite, au milieu de ces demoiselles asiatiques ? Franchement, où est-ce que vous avez mis les pieds ?

Tout en réfléchissant, vous avancez vers le comptoir, faute de mieux. Mais à l'instant où vous allez vous asseoir, c'est à votre tour d'être agrippé. Et quand vous vous retournez, c'est presque un rêve : c'est elle ! Les longs cheveux blancs, les yeux noirs, la bouille adorable, bref à part ce Desert Eagle qu'elle vous braque sur les parties, et cet air plutôt malfaisant, tout irait pour le mieux. D'un signe de la tête, elle vous invite à vous diriger vers les toilettes, et docilement vous vous laissez guider.